Tu pactises ?! Tu comptes pactiser ?!
Avant de signer, prends quelques minutes s’il-te-plaît...

Tu veux plus d’argent à la fin du mois, j’imagine… Tu galères pour faire une sortie en famille ? Tu penses que tu mérites tout de même un meilleur traitement parce que… m***… des études supérieures, fonctionnaire de catégorie A, plus ou moins d’ancienneté et… tu vois, comme moi, qu’on stagne financièrement. Soyons honnêtes, on a même l’impression d’être déclassé·es, appauvri·es…
Alors pourquoi ne pas pactiser après tout ? La tentation est grande !

Mais, leur pacte, c’est justement un moyen de ne jamais nous accorder l’augmentation générale et globale de salaire qui nous est due !
Plus il y a aura de collègues pour s’engager, plus le ministère pourra rétorquer à toutes celles et ceux qui continuent à demander une augmentation légitime de tous les salaires de toute la profession, qu’ils ont mis en place un pacte et qu’il n’y a qu’à signer.

Sauf que ce pacte, ce n’est pas une augmentation, c’est travailler plus !

Celles et ceux qui veulent t’embobiner vont t’expliquer que tu fais déjà ces missions, que ça ne t’engage à rien de plus que de signer ce pacte, que c’est simplement te rémunérer à ta juste valeur…
Alors… dans ce cas, ne signons rien, et qu’on nous paie davantage, non pas en primes (qui individualisent les traitements et mettent les personnels en concurrence) mais en salaire ! Du vrai salaire qui comptera pour la retraite !

Au fond, tu le sais, qu’ils veulent te faire « travailler plus pour gagner plus », c’est vieux comme Sarkozy ce truc, mais après tout pourquoi pas ? Ça reste tentant…

Mais leur pacte c’est, du coup, un moyen de continuer insidieusement à broyer nos conditions de travail : tu ne te sens pas déjà acculé·e ? Débordé·e ? Ils vont continuer à te presser comme ça, et travailler le mercredi au collège deviendra une nouvelle norme, comme travailler pendant les vacances. C’est déjà pratiquement le cas car ils ont réussi petit à petit à placer animations et réunions le mercredi matin, le midi et le soir… et grâce au SRAN et autres vacances apprenantes, à te faire croire que le seul moyen pour toi d’obtenir ce qu’ils te doivent, c’est travailler plus tout le temps, et sur les temps et les projets qu’elles et eux ont sélectionnés.

Signer le pacte, c’est avant tout choisir une vision idéologique de la société !
Leur pacte, c’est te rendre volontaire de la détérioration de tes conditions de travail ! Tu auras moins de temps le soir, tu auras moins de vacances, moins de mercredis, plus de préparations, plus de corrections… et ce sera vite considéré comme la base !

Je ne peux pas dire ça ? Parce qu’enfin le ministère nous revalorise ?
Si l’on parle d’argent, une revalorisation, c’est rendre à une monnaie dépréciée une partie de sa valeur. Dans le cadre de l’économie d’un pays, revaloriser signifie augmenter le montant des salaires, des retraites, etc., pour tenir compte de l’érosion monétaire. Ici c’est le contraire, ça ne comblera même pas l’inflation, de l’aveu même du ministre.
Et s’il s’agit d’une valeur “affective”, on entend par revaloriser, redonner du prestige, une valeur plus grande à quelque chose, rendre nos métiers plus attractifs. En considérant qu’on n’en fait déjà pas assez ? Qu’il faut en faire plus, mais comme elles et eux le décident ?
En tout cas, si on regarde les définitions, rien dans le mot de revaloriser ne sous-entend de contrepartie ! Ce mot contient surtout l’idée de réparation, réhabilitation, majoration !

Et puis, je pense aux autres, à ces collègues qui ne peuvent pas, car ils et elles sont épuisé·es par leur travail, par leur vie… ces collègues qui voudraient, comme moi, comme toi, avoir un meilleur salaire, mais qui ne pourront pas s’engager dans ce pacte car c’est trop pour elles et eux. Je parle en particulier des femmes. Car les études sont unanimes : à l’heure actuelle les tâches domestiques, liées à l’éducation des enfants ou à la gestion de la vie quotidienne reposent encore très majoritairement sur les femmes. Dans une profession féminisée à 80%, cela impacte les carrières et les salaires.
Le bilan social du Ministère le dit clairement : les primes liées à des missions (21% de primes en moins pour les femmes) ou les heures supplémentaires (41% d’exercice supplémentaire pour les hommes) ont un impact salarial fort au détriment des femmes. Demander d’autres missions renforce de fait les inégalités de genre.

Mais de toute façon : On ne t’augmente plus ! On ne recrute plus ! On charge les classes ! On inclut à tout va sans donner ni moyen humain, ni financier ! On table sur du soutien hors la classe au lieu de donner les moyens à ceux et celles qui font la classe !
On te fait travailler plus, prendre de plus en plus de missions et pour plus longtemps… et quand vraiment ça coince ? On embauche des contractuel·les flexibles et sous-payé·es.

Bon, je ne vais pas t’empêcher de pactiser bien sûr, mais garde bien en tête que ce pacte c’est une vision de l’éducation nationale issue de l’idéologie libérale et hyper individualiste. Est-ce que c’est vraiment la tienne ?

Est-ce que ça ne vaut pas la peine de refuser massivement ce pacte ?
Le ministère devra alors se résoudre à constater son échec et à renégocier… l’argent est là, donc la première chose serait que l’intégralité de l’enveloppe prévue pour le pacte soit rebasculée sur le socle et que ce socle ne soit pas en prime mais en augmentation de salaire !
Et ensuite, on ne lâche rien sur notre revendication : 300€ pour toutes et tous et sans contrepartie !
Avec le soutien de la profession qui aura donc refusé ce pacte !
Et c’est là que tu comprends pourquoi sans toi, on ne peut pas obtenir grand-chose !
Sois des nôtres ! REFUSE LE PACTE !

Pour poursuivre la réflexion, retrouve ici l’article de la FSU-SNUipp nationale.

Pacte : tu es sûr-e ?

Pacte : tu es sûr-e ?